Poèmusiques

Voici des extraits de mon recueil de poèmes "A toutes les muses", édité par Mandé Editions :
(d'autres extraits seront présentés régulièrement dans les semaines à venir)


Quand j’avais encore mes cinq ans

Quand j’avais encore mes cinq ans
Je rêvais toujours de mes vingt ans
Jour que je rêvais décoré de fleurs
Et parfumé d’encens. Jour de trêve
Trêve d’ordres venant de partout
Quand on n’a encore que cinq ans

Quand j’avais encore mes cinq ans
Je rêvais discrètement de mes vingt ans
Tel on rêve secrètement du prince charmant
Vingt ans pour guérir de mes fureurs
Et savourer ces sels encore interdits
Avec rigueur aux pauvres anges de cinq ans

Passaient ainsi les jours s’envolant en fumée
Et toute sombre à l’ombre, je restais affligée
Attendant sagement que sonne mon heure
Pour que brille la lueur de mon bonheur
Cette lueur ne suffira pas, me dit ma Mère
Elle est d’éclat sublime, de merveilles éphémères

Les jours ainsi se lassant, les ans s’enlaçant,
Voici mes vingt ans se dirigeant vers moi, souriants.
Jour du rêve bercé et du chant mille fois fredonné
Jour de la fin de mes appétits ? O espoir embrasé !
Quel prétendu jour de la fin de toutes mes faims !
O vingt ans ! Toi que je croyais si grand !
Toi, prince charmant que je voyais si élégant !
O ! Vingt ans, loin d’être prometteur et riant
Tu me laisses curieusement trébuchante !
Devant la flamme dansante de mes vingt chandelles
Je m’interroge, asséchée par mes soifs inassouvies :
Pourquoi mes rosiers ne fleurissent toujours pas ?
Pourquoi mes cafards ne s’en vont-ils pas courant ?
Et mes faims ricanant me narguent chuchotant :
Mais où est donc passé le miracle de tes vingt ans ?
Depuis je continue mon chemin vers l’Ouest
Mes illusions jetées aux vents du levant.



Épée rebelle
Rivière
Du temps coule !
Que le jour décline
Ombres triomphantes
Pour que s’installe la nuit
Et comme triomphe le soleil
Quand périclite le règne des ténèbres
Comme se taisent les vacarmes de la vie
Devant le tête-à-tête avec l’inéluctable trépas
Si un jour devant la haute victoire du Temps
Je tombe fatalement au creux du Temps
Dans la pénombre de mes jours couchés
Dans la hantise de mes nuits tombées
Si, Poussière, je redeviens poussière
Dans l’insatiable ventre de la terre
Au milieu de ces vers de terre
Qu’ils restent là mes vers
Seule épée rebelle
De mon combat
Éternel



Larmes

Larmes qui pleuvent
Que les vents des ans absorbent.
Larmes qui inondent
Ce monde immonde.
Larmes des cœurs sans armes
De pauvres âmes de damnés,
Arrêtez donc de couler
Djoliba1 coule déjà.
Arrêtez de pluviner
Le vent finira par se calmer.
Arrêtez de pleuvoir
L’hivernage se fera valoir
Apportant avec lui toutes ces couleurs
Comme pour se faire pardonner
De l’aridité des temps acerbes
Telle la berceuse qui finit par apaiser l’enfant
Ramollis, nous serons tous un jour par le temps.



Ces coups

Je t’invite dans mon temple, ami.
Dans les pièces de ma plume affermie.
Sombres et gaies, elles t’accueillent.
Un monstre et un ange sont au seuil.
Ouvre doucement la porte,
Ne parle pas à haute voix
Tu réveilleras le monstre,
Et effraieras l’ange.
Je
N’aime pas, les cris ni les ordres,
Élevée par ce soldat de première classe
Abusant de l’impératif, j’en suis lasse
Comme
Les galops de chevaux, sourds ils étaient
Comme
Les braises de l’enfer, brûlants ils étaient
Comme
Un cri en plein minuit, déchirants étaient ces coups
Ces coups de la vie reçus.





Voici le premier CD de mes poèmes mis en musique :




Extrait :


"Laisser-moi parler" :

Ce poème a été écrit en 1992 lors de ma première année de lycée.
Il a obtenu le premier prix de Jouvence Show en 1997 (retransmise à la télé malienne à l'ORTM) qui mettait tous les lycées de Bamako en compétition.
Il a été ensuite présenté en France lors de l'exposition Malikow.
Ce poème m'a donné une grande popularité quand j'étais à l'université et mon nom était devenu "Laissez-moi parler" par mes camarades de promotion à la FLASH, la faculté des lettres, arts, et sciences humaines de Bamako.
Il a été publié dans la revue Kuma ( "Parole") de l'union des jeunes écrivains du Mali en 200
1.
C'est un poème qui reste d'actualité par le fait qu'il demeure encore le reflet et la critique de la société malienne actuelle.



http://youtu.be/ttQxzijP2AQ