Textes



Violences au Nord du Mali sous l'occupation islamiste
Fatoumata Keita
Université Mande Bukary
Date de rédaction : 2013



Résumé:

Le Mali, en 2012, a connu une grave crise qui a porté atteinte à sa laïcité et à son intégrité. Cette crise a vu les trois régions du septentrion malien occupées par les groupes armés islamistes et séparatistes. Durant cette occupation, des violences ont été perpétrées sur les populations. Cette étude fait l’état des types de violences perpétrées, leur mode de fonctionnement et tente de comprendre les raisons pour lesquelles celles-ci étaient exercées sur les populations.



Introduction

Le Mali est un pays situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest avec une superficie de 1.241.238 km2. Les 08 régions du Mali et le District de Bamako ont 49 cercles, 10.500 villages et fractions, 703 communes. Le Nord du Mali, constitué de trois régions : Gao, Tombouctou et Kidal est occupé par des peuples nomades et semi sédentaires, composés de maures, de peulhs, de touaregs, de Songhaïs, d’arabes, de bozos, de dogon, de bambaras et de soninkés... Pays laïc dont la religion dominante est l’islam, le Mali a été marqué en 1991 par l’avènement de la démocratique. A partir de cette approche, les grands problèmes concernant le pays furent identifiés et discutés au cours de la conférence dite nationale. Dès lors, on s’attendait à une démarche participative et progressive dans le processus d’évolution démocratique. Cependant, force a été de constater que l’Etat a été progressivement marqué par une gouvernance favorisant la corruption, le népotisme, l’enrichissement illicite de certains acteurs politiques et la multiplication d’injustices sociales. Aussi, les grands points de préoccupations, faut-il le dire ainsi, qui ont conduit le peuple malien à la révolution de mars 1991sont restés sans réponses satisfaisantes. En outre, la question de la misère, exacerbée par la mauvaise distribution des ressources et l’accélération de l’augmentation du coût des produits de premières nécessités, devenus pratiquement hors de portée de main du citoyen moyen, ne fut pas résolue.
Et pendant que la majorité du peuple s’affalait sous le poids de la misère, on assistait, au même moment, à une main mise sur les ressources du pays par une minorité d’acteurs politiques. Cet enrichissement illicite, qu’a connu le régime du président Alpha Oumar Konaré a été plus visible sous le règne du président Amadou Toumani Touré, a été camouflé sous le manteau de ce qu’on a appelé le consensus démocratique. Un consensus qui, se caractérisant par une presqu’inexistence d’opposition au pouvoir en place, encouragera la médiocrité par son caractère clientéliste et corruptif et contribuera à la détérioration de l’Etat.
C’est dans ce contexte de confusion et d’unanimité suspecte que le Nord du Mali sera le théâtre d’opérations louches, comme les prises d’otages et le développement d’une économie de drogue, avec l’installation au Sahara d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique, AQMI. A ce propos, plusieurs sources, entre autre Ag Erless, attestent qu’AQMI était au Mali
« à Tigharghar [Région de Kidal] au su des autorités maliennes. »1
Si c’est à la faveur de l’allègement du dispositif militaire au Nord du Mali qu’une économie de drogue s’y développe à travers AQMI, c’est avec l’intrusion sur le sol malien de troupes venues du front libyen que l’occupation du septentrion malien par les islamistes est effective.
Outre cela, il faut ajouter que la déconfiture silencieuse du système de défense du Mali conduira aux replis dits stratégiques de l’armée des zones de conflits. La plupart des représentants de l’Etat, exerçant sur les sites de conflits, déserteront alors leurs postes à la suite du retrait de l’armée du champ de bataille. Sans appareil de défense militaire efficace et sans représentants de l’Etat, les régions du Nord du Mali, les unes après les autres, seront prise d’assauts par les assaillants. Sans protection ni moyen de défense, elles assistent, impuissantes, à l’occupation brutale de leurs villes par les groupes armés.
B. Ba résume ceci en ces termes :
« Au Mali, durant ces dernières décennies, la mal gouvernance s’est traduite par une démocratie factice synonyme de misère, de pauvreté, d’abandon de l’école, de dilution des valeurs sociales et sociétales, de propagation de la corruption, de blanchissement d’argent, de trafic de drogue et le tout couronné par une fragilisation des Institutions et l’occupation du pays par des groupes armés en janvier 2012. »2 

Faut-il insister sur ce fait, l’arrivée sur le sol malien de combattants armés revenus du front libyen, renforçant de part et d’autres les groupes armés séparatistes et islamistes, est un facteur aggravant de la crise.
Les armes et «Les idées développées dans les casernes libyennes se propagèrent dans les régions du Nord. »3
Les populations du septentrion malien se verront ainsi victimes d’exactions de toutes sortes de la part des envahisseurs, au nom soit de l’indépendance de l’Azawad, soit d’une Charia inédite imposée par les islamistes. Violations et perquisitions de domiciles, viols, flagellations, séquestrations, amputations, lapidation, pillages, homicides seront leur quotidien.
Ces violences ont été perpétrées par deux groupes armés. Les premiers étaient essentiellement constitués du Mouvement de Libération de l’Azawad (MNLA). Les seconds se composaient d’islamistes, appelés aussi djihadistes4, d’Ançar Ad Dine, du Mouvement pour l’unicité du djihad en Afrique de l’Ouest, MUJAO, d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, AQMI, et de Boko Haram.
Cette étude pose la question globale du statut des violences perpétrées pendant l’occupation du Nord du Mali. C’est une étude qualitative et empirique, avec un échantillonnage probabiliste de personnes interrogées sur certains sites occupés, dans certains camps de réfugiés et dans certaines familles ayant accueillies les déplacés.
Le travail effectué a consisté à identifier toute forme de violence physique, quel qu’en soit l’auteur, dès lors qu’elle a été perpétrée sur les personnes, hommes ou femmes.
L’objectif général de l’étude est l’analyse des violences subies par les populations de Tombouctou et de Gao sous l’occupation du Nord du Mali.
Les objectifs spécifiques  sont l’étude des modes de fonctionnement de la violence et les raisons pour lesquelles celles-ci étaient perpétrées sur les populations. Ceci nous amène à nous intéresser aux instances de perpétration et aux détenteurs du monopole des violences, puis au lien entre la faute commise et le type de violence appliqué comme sanction.
Cette étude a été effectuée à Gao et Tombouctou. Elle ne concerne pas Kidal pour son inaccessibilité par nous à cause de l’insécurité qui y règne.
L’étude n’a pas la prétention de donner des réponses exhaustives à la question des violences perpétrées sous l’occupation du Nord du Mali. Elle est simplement une contribution qui se donne pour tâche une compréhension un peu plus approfondie de la question des violences pendant une période de la crise sécuritaire au Nord du Mali. Cette période se situe avant l’arrivée de l’Opération Servale5 au Nord du Mali.
  1. Qu’est-ce que c’est qu’une violence ?
« En un sens large, toute forme de contrôle social qui barre une aspiration, impose des opinions ou des comportements, perturbe une trajectoire sociale ou cadre de vie est violence. »6
Partant de cette définition, on peut affirmer que l’occupation du Nord du Mali par les groupes armés a été marquée par la perpétration d’une série de violences sur les populations vivant dans le septentrion malien. Car celles-ci se sont vues imposer par les groupes islamistes, des modes de vie et de comportement auxquels la majorité d’entre elles ne consentait pas. Toutes les personnes qui ont refusé, sous l’occupation, de se plier à cette nouvelle façon de vivre et de se conduire exigée par les groupes armés notamment islamiste, ont été soumises à différentes sortes de violences. Ces violences étaient entre autre, les violations de domiciles, l’imposition d’une nouvelle façon de vivre contraire à la volonté des populations, les séquestrations, les flagellations, les amputations, les lapidations, les viols, les homicides…
  1. Les modes de fonctionnement et les instances de perpétration des violences,
Il est vrai que les séparatistes ont perpétré des violences ayant trait aux viols, vols, pillages et braquages, mais ces violences étaient anarchiques, n’étaient ni structurées ni réglementées. Alors que celles perpétrées par les groupes islamistes étaient structurées et bien réglementées. Elles se caractérisaient par l’imposition d’opinions et de comportements aux populations, faisant en sorte de donner une raison à la plupart des cas de violences perpétrées.
Ainsi, la perpétration des violences était liée au non respect de règles de vie imposées par les islamistes. Pour ce fait, certaines interdictions, on le verra un peu plus loin, étaient posées par les islamistes.
Les instances de régulation des violences étaient la police dite islamique et une brigade appelée AHESBA, qui veut dire chasser le mal et ramener le bien. Il existait également des commissariats pour les femmes. Ces instances disposaient de moyens logistiques et de ressources humaines recrutées sur place qui assuraient les rafles et le transport des personnes vers la police islamique ou le commissariat des femmes. Au niveau de ces instances ou de leurs annexes qui avaient élus résidence dans les guichets automatiques de certaines banques, on procédait aux « détentions » avant le jour du « jugement ».
Les détenteurs du monopole de la violence :

Au début de l’occupation, le monopole de la violence était détenu par les groupes séparatistes. Cependant les groupes armés islamistes ont fini par le récupérer. Dès lors, ils se sont donnés comme tâche de sanctionner toute autre violence parallèle et/ou isolée perpétrée en dehors de leur contrôle. Les sanctions, rendu lors « des jugements » ou souvent immédiatement après l’interpellation de l’intéressé (e) étaient publiques et dissuasives par son caractère humiliant. Elles étaient souvent précédées d’avertissement, de mesure permettant à la personne visée de corriger son attitude, de rafle ou de séquestrations qu’on a abusivement appelé « emprisonnement forcé ». Les islamistes étaient ceux qui procédaient majoritairement aux séquestrations, surtout des personnes prétendues « inculpées ». Des femmes et des hommes étaient séquestrés de façon séparée. Plusieurs personnes séquestrées disent avoir été violées(les femmes) et ou flagellées en « prison ». En atteste une lycéenne de Tombouctou :
« Ils m’ont emprisonnées car ils disaient que j’étais mal habillée et que je leur avais mal parlé. Le soir ils sont venus me trouver et un m’a dit de me déshabiller. Et tous les trois sont montés sur moi… ils m’ont fait mal. »
Un homme supposé homosexuel, restaurateur à Gao a confié :
« Ils m’ont mis dans leur prison. Tous les soirs, ils passaient et me donnaient quarante coups de fouet. Ils ont dit qu’ils vont me tuer parce que je suis homosexuel. Mais le jour de mon exécution, l’Opération Servale est arrivée. »
Les rafles des personnes surprises en faute7 et leur transport vers les instances de régulations étant assurées par les policiers et les brigadiers ayant à leur disposition des véhicules appelés boule-boule, ont été marquées parfois des cas de violations de domiciles et de violences :
Une ressortissante d’Ansongo (cercle de Gao) témoigne :
« Lorsqu’ils passaient devant ta maison et qu’ils voyaient une fille habillée en body8 ou une femme qu’elle disait mal habillée, ils rentraient. Souvent, ils fouettaient toute la famille. »
Mais les révoltes des populations contre cet état de fait (révolte des femmes à Tombouctou, celles des jeunes à Gao) contraindront les islamistes à se passer des violations de domiciles aux fins d’éviter les soulèvements populaires. Un homme confie :
« Quand les femmes se sont révoltées à Tombouctou, elles sont sorties pour marcher. Elles disaient pendant leur marche qu’elles ne voulaient plus que les islamistes rentrent chez elles, dans leurs maisons. Les policiers islamistes sont arrivés et ont fait des rafales à l’air pour disperser les femmes. Mais dès lors, les chefs islamistes ont dit à leurs hommes de ne plus s’introduire dans les maisons, chez les gens. Et aux populations, ils ont dit que si les policiers entraient chez elles, qu’elles pouvaient leurs faire ce qu’elles voulaient. »
Le caractère public des « jugements » était également démontré dans le fait que lorsqu’une personne séquestrée devait être jugée pour avoir commis une faute, son jugement était en avance annoncé sur les radios FM, à travers lesquels son nom, la raison de son jugement étaient énoncées. A la fin du communiqué, toutes les populations étaient invitées à venir y assister. A ce propos, une jeune femme de Gao confie :
« Les islamistes fouettaient ou amputaient les gens sur la place publique. Ils disaient qu’ils faisaient cela parce qu’ils voulaient que tout le monde vienne regarder les jugements et fassent attention. »
 Cependant les révoltes des jeunes, à Gao, devant la perpétration publique des violences pousseront les assaillants à changer de stratégie. Les annonces à la radio ont été ainsi abandonnées et souvent le transfert des jugements sur un emplacement (site) inconnu était fait au dernier moment aux fins d’éviter les altercations entre occupants et populations.
Des scènes de violences doublées d’humiliation étaient récurrentes. Des femmes et des hommes étaient fouettés publiquement. Beaucoup de témoignages recueillis illustrent cet état de fait. Une victime témoigne du caractère public des sanctions:
« Ils m’ont amené sur la place de l’indépendance pour me frapper devant tout le monde. »
Un homme amputé de la main déclare à ce propos :
« J’ai ramassé des armes derrière l’armée régulière. Quelqu’un est parti dire aux islamistes que j’ai volé des armes. Ils m’ont interpelé puis m’ont relâché en me retirant les armes. Puis leur commissaire islamique qui était mon oncle est parti me chercher à la maison et a demandé qu’on me coupe la main. Ils m’ont amené dans la cour de la douane ; ils m’ont attaché et m’ont coupé la main. »
La stratégique de la sanction administrée publiquement consistant à intimider à soumettre les populations à travers l’emploi public de la violence avait pris le pas sur celle de la sensibilisation et de la modération des débuts de l’occupation islamistes. Car au début de l’occupation, les populations témoignent que le discours des occupants islamistes était dissuasif et cherchait plutôt à sensibiliser les populations du bienfondé de leur présence. Un réfugié dans un camp dit à ce propos :
« Les islamistes, quand ils sont entrés, les premiers jours, ils ne nous adressaient même pas la parole. Ils passaient leurs journées à se promener dans les rues sans rien dire. Après cela, ils nous ont dit qu’ils n’étaient pas venus pour nous faire du mal ; que nous devons juste faire ce qu’ils nous demandent. Ils nous disaient qu’ils étaient venus pour Dieu et que nous ne devons pas faire ce que Dieu n’aime pas. Ils nous ont ensuite assuré qu’ils allaient nous défendre contre les violences du MNLA. »
Ainsi, les occupants islamistes se proclamant défenseurs et justiciers des populations face aux cruautés perpétrées par le MNLA contre celles-ci, avaient mis des numéros de téléphone, dits numéros verts,9 à la disposition des populations. Ceci, selon beaucoup de personnes interrogées, avait permis l’arrestation et la sanction des coupables de violences anarchiques et arbitraires perpétrées soit par le MNLA ou par des éléments disparates des groupes islamiques. Une leader résidant à Gao pendant l’occupation témoigne :
« Les islamistes ont fini par donner deux numéros verts à la population. A chaque fois que le MNLA ou n’importe qui d’autre entrait chez toi pour commettre une violence où un braquage, tu pouvais appeler l’un des numéros verts. Et cinq minutes après l’appel, les islamistes arrivaient avec leur véhicule et te permettaient d’entrer dans tes droits après avoir prouvé que la chose volée était à toi. »
Le MNLA, à la suite de leurs exactions perpétrées sur les populations, sera chassé par les islamistes, avec l’appui des jeunes et des femmes de Gao.
A ce propos, un jeune du mouvement Les Patriotes atteste :
« Nous avons aidé les islamistes à chasser de chez nous le MNLA dont les membres violaient nos sœurs, nous braquaient avec des armes et nous dépossédaient de nos motos et téléphones. Lors du combat qui a opposé les islamistes au MNLA, nous avons chargés les armes des islamistes et les femmes leur ont apporté de l’eau. »
Cependant, une fois le MNLA chassé des lieux, force a été de constater que les groupes armés islamistes, ayant gagné en suprématie, ont fait état de leur radicalisme. Ils imposeront à partir de ce moment ce qui entrait dan à suivre pour toutes la logique de la morale à dicter aux populations. Ainsi l’imposition de nouvelle façon de s’habiller, de se comporter, de faire les cultes lors des prières collectives à la mosquée a été radicale. Le voile a été imposé à toutes les femmes, et beaucoup d’habitudes prises par les populations leur ont été interdites. Un déplacé affirme :
« Quand le MNLA est parti, ils [les islamistes] nous ont montrés leur vrai face. »
Les attroupements, les cérémonies récréatives, les baignades, les jeux au foot et au play station, le vol, le concubinage, la compagnie du sexe opposé, le fait de fumer ou de boire, les réjouissances, pour ne citer que ceux-là, ont été alors radicalement condamnés. De même, la Koutouba10 sera censurée lors des prières collectives faites les vendredis.
Misant sur les rapports de force mis en exergue quotidiennement dans les scènes de violences, les groupes islamistes agissaient ainsi dans le but d’obtenir la soumission des populations à leur autorité. Ils ont fait de l’usage de la violence et de la coercition leur politique d’occupation des lieux. L’emploi de la violence était alors devenu pour les occupants eux une stratégie de gouvernance et d’occupation de l’espace.
  1. Les raisons de la perpétration des violences sur les populations :
    1. Du type de faute au type de violence perpétrée comme sanction :
Les groupes séparatistes et islamiques ont tous les deux perpétré différents types de violences sur les populations du Nord du Mali. Les premiers, les premiers jours de l’occupation ont commis, selon plusieurs personnes enquêtées, des viols, des pillages, des vols, des bastonnades, des braquages et des assassinats. Voici les déclarations de cette responsable d’ONG ressortissante de Gao :
« Lorsque le MNLA est entré, les exactions ont commencé. Ils ont tous pillés : les services de l’Etat, les projets et toutes les ONG [Organisations Non gouvernementales] y compris notre ONG. Et ils ont commencé par entrer dans les familles pour prendre les biens des gens. C’est comme ça qu’ils sont entrés dans ma famille ; j’avais une petite voiture. Ils m’ont braquée avec une arme sur ma poitrine en me disant de leur donner leur clé. Je la leur ai donnée et ils sont partis avec ma voiture. Et ça, ils l’ont fait, famille par famille, partout où ils pouvaient trouver un garage, un véhicule. Ils ont fini par partir dans les villages, piller les banques de céréales, piquer les groupes électrogènes installés au niveau des points d’eau ou des centres de santé. Après, ils ont fini par courir derrière les jeunes pour les braquer avec leurs armes et leurs prendre leurs motos ou téléphones. Ils tiraient sur ceux qui refusaient de leur donner leurs biens. »
Un conseiller communal de Gao déclare :
« Le MNLA, conduit par un esprit de vengeance à l’égard de tous ceux qui ont refusé de le suivre dans son histoire d’azawad, est l’auteur de plusieurs assassinats. Ce sont eux qui ont assassiné le conseiller pédagogique (x) qui était reconnu comme un des résistants le plus farouche contre l’Azawad. »
Cependant, ce sont les islamistes qui ont fait une tentative d’organisation de la violence pour finir par la monopoliser à leurs niveaux. Pour ce faire, ils essayeront de poser des interdictions en rapport au contrôle notamment du comportement vestimentaire, moral, cultuel ou autre des populations. Par ce dictat, ils ont tenté de donner, sans le réussir, à chaque type de violence perpétrés par eux, une raison d’être.
      1. Les séquestrations :
Les diverses raisons de ces séquestrations étaient liées au non respect des règles édictées (port du voile, interdiction d’être en compagnie d’une personne du sexe opposé, interdiction de fumer ou de boire…) par les islamistes aux populations. Les séquestrations pouvaient s’étendre jusqu’à quarante jours et précédaient les « jugements » ; elles s’accompagnaient parfois de flagellation ou de viol. Dans plusieurs cas, des filles ou femmes séquestrées, affirment avoir été violées par un ou plusieurs hommes. Un responsable d’une association déclare :
«  En réalité, ces djihadistes séquestraient les femmes pour des besoins sexuels. »
Ces séquestrations étaient faites dans les locaux du commissariat de police de Gao, et à Tombouctou dans les cabines à guichet automatiques de la banque malienne de solidarité.
Il arrivait que ces séquestrations faites dans des conditions difficiles aboutissent à des situations insupportables pour les victimes. A Tombouctou, un parent de victime déclare :
« Les femmes séquestrées étaient entassées dans la petite salle de deux mètres carrés servant de guichet à carte de la Banque Malienne de Solidarité. »
Et un commerçant de Tombouctou, déplacé avec sa famille vers Bamako, confie :
« Ces femmes séquestrées urinaient, vomissaient et faisaient tous leurs besoins par terre. Chaque après-midi, ils les faisaient sortir et leur donnait un raccord pour qu’elles nettoient tout […] et ensuite ils les chicotaient. C’était insupportable. »
Un autre parent de victime révèle :
« Ils ont enfermé ma nièce enceinte qui était sortie sans foulard, sous l’effet des contractions. Ils l’ont attrapée et l’ont enfermée. Ils ne l’ont conduit à l’hôpital qu’à la dernière minute. Elle a accouché dans leur véhicule de police. C’est inhumain. »
Si la plupart des séquestrations ont été faites par les islamistes, des témoignages attestent qu’au début de l’occupation, les groupes armés séparatistes ont également enlevés et séquestrés, pendant des temps plus ou moins longs, des jeunes filles.
      1. Les flagellations :
La flagellation est le fait de donner des coups de fouet ou de cravache à une personne. Elle a été appliquée à certains types de fautes telles que le non port du voile, le fait de fumer de la cigarette ou de prendre de l’alcool, d’écouter de la musique, de jouer au foot, de se retrouver avec une personne de sexe opposé, y compris sur une moto, dans une voiture, dans la rue ou dans un groupe. Ces flagellations étaient publiques. Un ressortissant de Gao affirme :
« Quand ils voyaient les filles et les garçons ensemble, ils couraient derrière eux, les attrapaient et allaient les emprisonner ; ils faisaient une ou deux semaines emprisonnés ; les mardis, jours de jugements, ils les amenaient sur la place publique pour les chicoter. »
Il leur arrivait de frapper les femmes âgées ou enceintes. A ce propos, les témoignages sont nombreux. En voici quelques uns :
« Ils m’ont frappé parce je suis allée au fleuve ; avec cette chaleur et ce manque d’eau, que faire d’autre ?» déclare une femme âgée.
Et une infirmière de Gao atteste :
«Un jour une femme enceinte nous est parvenue au coma à l’hôpital. Sa sœur nous a rapporté qu’en voyant les islamistes, elle a couru. Ils ont couru derrière elles en lui demandant pourquoi elle courait ; ils l’ont frappée ensuite jusqu’à ce qu’elle plonge dans le coma.»
La sœur d’une victime témoigne
«  Ils ont frappé mon frère jusqu’à ce qu’il plonge dans le coma parce qu’il avait pris une de mes sœurs malade sur sa moto pour l’amener à l’hôpital. »
Le nombre de coup de fouet variait de cinq à cent coups, selon la gravité de la conduite sanctionnée et selon les facteurs jugés aggravants. Ces facteurs pouvaient changer d’un cas à un autre. Par exemple, lorsqu’on saisissait le téléphone d’une personne surprise en train d’écouter de la musique, selon beaucoup de personnes interrogées, le nombre de coup variait en fonction des images (les films) se trouvant dans le téléphone. Le facteur le plus aggravant, dans ce cas, était les images pornographiques. Une personne surprise avec un téléphone contenant des images pornographiques avait immédiatement droit à quarante coups. Les dites images étaient alors supprimées et remplacées par des sons de lecture de Coran.
Pour la cigarette, beaucoup de personnes nous ont certifié que le nombre de mèches existant dans le paquet de cigarette avec lequel elles avaient été saisies avait déterminé le nombre de coups de fouet qu’ils avaient reçus. D’autres nous ont déclaré avoir reçu quarante coups de fouet pour avoir été surpris avec une seule mèche de cigarette, sans préalable.
Ainsi, on est en droit de dire que la violence était mal réglementée et que son administration dépendait le plus souvent de l’humeur, de l’indulgence ou de l’intolérance de l’administrateur.
      1. Les amputations :
L’amputation est le fait de couper un organe (main, pied, oreille…) d’une personne.
Elle a été la sanction appliquée aux personnes accusées de vols sous l’occupation du Nord du Mali. Elle a été souvent précédée de la phase d’avertissement et de sollicitation de ne plus commettre de vol, considéré comme un pêché.
Concernant ce point, un membre d’un regroupement déclare :
« Pour le premier vol, on t’avertit de ne plus le faire. Dès fois, on te donne même de l’argent si tu commets le vol par nécessité. Mais la deuxième fois, on te coupe la main droite. »
Cependant certaines victimes d’amputation disent n’avoir pas bénéficié d’avertissement.
Beaucoup de personnes présumées voleurs se sont vues couper la main droite. Dans un cas, la main et le pied de la victime ont été coupés en diagonale, publiquement, car il s’agissait d’un récidiviste, selon certains témoins.
Si toutes les personnes amputées de la main ou du pied étaient des hommes, certaines femmes ont vu leurs oreilles coupées pour ne l’avoir pas couvert par le foulard.
Voici, à ce propos, la déclaration d’une enseignante d’Ansongo réfugiée dans un au camp :
« Ils ont coupé l’oreille gauche d’une femme à Ansongo parce que son foulard sur la tête ne couvrait pas son oreille gauche. »
      1. Les Viols et les mariages forcés :
Si beaucoup de violences perpétrées par les islamistes trouvaient une raison d’être perpétrées selon eux, le viol et les mariages forcés prenant dans certains cas une allure du viol, ont été faits sans raison justificative.
Voici la déclaration du responsable d’une ONG ayant opéré sur les sites occupés, dans le cadre de l’accompagnement des femmes victimes de viol :
« Parmi les violences qui m’ont le plus choqué pendant l’occupation du Nord du Mali, ce sont surtout les cas de viols. Pour les autres violences perpétrées, c’est toujours suite au non respect d’une interdiction qu’elles ont été faites. C’est le voleur dont on coupait la main. C’est le concubinage qui était puni par la lapidation ; les femmes étaient fouettées si elles refusaient de se couvrir la tête ; alors que pour le viol, il n’y avait pas de motif, aucune raison ne la justifiait.»
Ces viols ont été perpétrés aussi bien par les séparatistes que par les islamistes.
Les éléments du MNLA ont commis beaucoup de viols, selon plusieurs personnes interrogées. Une déplacée de Gao vers Bamako déclare :
« Quand, ils sont entrés, ils disaient Azawad, Azawad, le Mali n’est plus. Ils rentraient dans des maisons, prenaient des voitures des gens et violaient les filles. »
Les islamistes ont également perpétré des viols. Plusieurs personnes interrogées témoignent que des viols ont eu lieu dans les «  prisons » où étaient séquestrées, par les islamistes, les filles ou les femmes raflées. Une victime de séquestrations confie :
« Ils nous ont enfermées dans leur prisons et le soir ils venaient ; celles qui refusaient ce qu’ils voulaient étaient frappées et forcées de le faire. C’était horrible. »
Certains cas de viols étaient perpétrés de façon collective, déclarent certaines personnes interviewées. Une lycéenne ressortissant de Tombouctou confie :
« Ils m’ont trainée de force dans leur commissariat. Ils m’ont amenée dans leur prison ; ils se sont jetés sur moi. J’ai crié de toutes mes forces. J’ai vingt ans. Et je n’avais jamais fait ça. Ils étaient au nombre de quatre. Je me suis évanouie ...»
A tous ces viols s’ajoute le nombre considérable de mariages faits sans le consentement des filles épousées. Beaucoup de mariages que les islamistes ont contractés avec les jeunes filles à Tombouctou et à Gao ont été faits sous les menaces, selon certaines de nos sources.
Le père d’une victime déclare :
«  Quand ils voyaient une belle jeune fille qui leur plaisait pendant la journée, ils la faisaient suivre jusqu’à chez elle ; la nuit venue, ils venaient frapper à leur porte pour dire qu’ils veulent la fille en mariage et que toi le père, tu ne devais pas la leur refuser car le mariage était la sounna et que Dieu a dit de donner les filles en mariage lorsqu’elles en ont l’âge. »
Souvent ces mariages étaient précoces, les filles n’ayant pas l’âge requis pour se marier.
Une déplacée témoigne :
« Dès leur arrivée, ils ont marié une fille de notre rue qui n’avaient que 15ans.. »
Le caractère collectif de ces mariages leur donnait une allure de viol.
Une victime révèle :
«  Quand ils m’ont mariée, chaque soir c’était un nouvel homme qui venait partager mon lit ; quand je me suis plainte, l’un d’entre eux m’a dit qu’ils avaient participé au payement de ma dot. J’ai fini par fuir.»
A ce propos, le responsable d’une ONG œuvrant pour l’accompagnement des victimes de viol atteste :
« A Tombouctou, il arrivait que cinq hommes collectent de l’argent pour marier une femme. Et tous ces hommes se réclamaient être le mari de la femme mariée et la faisait accomplir le devoir conjugal. »
Cependant, si les cas de mariages collectifs ont été signalés à Tombouctou, au niveau de Gao, aucune des victimes de mariages forcés que nous avons rencontrée ne nous a attestés du caractère collectif de son mariage avec les islamistes.
3.1.5. Les homicides :

Les homicides, lorsqu’ils étaient l’œuvre des islamistes, ont été perpétrés pour différentes raisons. Ainsi les types de violences réservées aux homosexuels et aux coupeurs de routes étaient respectivement la décapitation et l’exécution.
Un supposé homosexuel nous confie :
« Le jour où ils allaient me décapiter, c’est ce jour où l’opération serval est arrivée à Gao. »
Un enseignant témoigne :
 « Nous partions à Bamako quand trois éléments du MNLA nous ont coupé la route pour nous piller. Omar Hamama11 est arrivé et a égorgé sur le champ deux des auteurs. Le troisième s’est enfui. ».
Outre ces cas signalés, beaucoup d’autres homicides ont été accomplis, selon plusieurs témoignages.
      1. Les fusillades :
Les groupes islamistes ont attenté à la vie de plusieurs personnes qui n’étaient pas de confession musulmane pendant l’occupation du Nord du Mali.
Un jeune du mouvement Les Patriotes affirme :
« Lorsque les islamistes rentraient de leurs combats, ils criaient leur victoire en disant qu’ils avaient tué les mécréants ; que l’heure de la vérité avait sonné et que le drapeau de l’Islam flottera sur Koulouba12
Un pasteur, réfugié dans un camp nous confie :
« Je suis chrétien. Mon frère a été fusillé par les islamistes. Ils ont fait une rafale sur lui. »
Beaucoup de personnes de confession religieuse chrétienne ont été menacées, violentées par les islamistes au cours de cette crise sécuritaire que le Nord du Mali a connue. Certains ont vu leurs maisons ou leurs églises pillées, brulées ou transformées en résidences pour les occupants.
Un cas de fusillade pour l’application de la Charia a été constaté à Tombouctou.
Un entrepreneur relate :
«À Tombouctou, un homme avait tué un pêcheur bozo. Comme il était devenu djihadiste, après avoir quitté le MNLA, ceux-ci ont proposé à la famille du bozo un montant pour la réparation du dommage. La famille a dit que la Charia veut qu’on tue celui qui tue et que ça ne pouvait pas être une loi pour nous et pas pour eux ! C’est ainsi qu’on a fait le jugement et on a demandé à la famille la sanction qu’elle veut pour le coupable. Elle a dit qu’elle veut qu’il soit tué de la même façon qu’il avait tuée sa victime. On lui a alors mis une balle dans la tête. » D’autres homicides ont été perpétrés sous d’autre forme, selon certaines de nos sources.
Selon une déplacée de Tombouctou vers Bamako :
«A Tombouctou, les djihadistes ont emprisonné une femme dont le bébé avait à peine deux semaines et ont refusé à sa maman de sortir de sa cellule pour allaiter son enfant. Le bébé est mort de faim. »
Une enseignante de Tombouctou déclare
« L’occupation de Tombouctou a été brutale ; l’arrivée des islamistes a été une surprise pour nous. Plusieurs personnes sorties pour les regarder entrer ont été percutées par leur véhicules filant en vitesse.»
Un ressortissant de Goundam témoigne :
« Des personnes ont été victimes de balles perdues lorsque les islamistes sont entrés. Ils tiraient partout à l’air. »
Des homicides, lorsqu’ils ont été l’œuvre du MNLA, ont été faits, selon plusieurs de nos sources, à la suite des règlements de comptes ou d’actes de vandalisme.
Les témoignages sont considérables concernant ce point ;
Le directeur d’une école de Gao nous dit:
« Les éléments du MNLA n’ont jamais pardonné le refus des sonrhaï d’adhérer à leur histoire d’Azawad ; beaucoup de leurs violences, comme le cas de l’assassinat du conseiller pédagogique Idriss Mohamoudou, se sont dirigées vers les personnes influentes qui ont été catégoriques dans leur refus de l’Azawad. »
Une victime de braquage confie :
« Les gens du MNLA braquaient les jeunes pour leur prendre leur téléphones, motos. En cas de réticence, ils n’hésitaient pas de tirer. Ils m’ont enlevés ma moto.»
En outre, les coups de feu à répétition produit par le MNLA sous l’occupation, ont également fait des victimes, selon certaines sources.
Un membre du mouvement Les Patrouilleurs souligne :
« Quand un élément du MNLA, content, tirait à partir du gouvernorat, un autre répondait par un autre coup de feu à l’air dans un autre coin de la ville. Leurs balles anarchiques ont blessé et souvent tué des gens. »
Conclusion :

Le Mali a connu une des crises les plus inédites de son histoire, avec l’occupation de ses régions du nord par les assaillants islamistes et séparatistes. Beaucoup de violences ont été perpétrées pendant cette occupation. Selon nos enquêtes, les auteurs de ces violences étaient constitués de deux groupes. Les groupes armés séparatistes constitués du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) et les groupes armés islamistes dont Ançar Ad Dine, Al-Qaïda du Maghreb Islamique (AQMI), le Mouvement pour l’Unicité du Djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Cependant beaucoup de personnes attestent que Bocou Haram n’a participé à l’occupation que durant les toutes premières heures de l’occupation.
Si à Gao et à Tombouctou, la lapidation n’a pas été pratiquée, par contre les séquestrations, flagellations, amputations, viols ou homicides y ont été commis par les islamistes et dans certains cas par les séparatistes. Le monopole de la violence était détenu par les groupes islamistes. Ils réglementaient et appliquaient, le plus souvent, différents types de violences comme sanctions à des fautes commises. En ce qui concerne les groupes islamistes, les raisons pour lesquelles ces violences étaient appliquées étaient le non port du voile, le fait de fumer, de boire de l’alcool, de voler, de forniquer, de couper la route aux gens ...
Les indépendantistes (MNLA) ont également été reconnus comme auteurs de certaines violences anarchiques (viols, pillages, braquages, razzias, séquestrations et homicides).
Il est cependant à noter qu’au delà de ces violences physiques perpétrées publiquement, les scènes de violences quotidiennement exposées ont répandu la terreur et semé la psychose chez les populations. Elles ont terrorisé celles-ci et créé chez elles une violence morale, psychologique et émotionnelle.
La stratégie de la terreur a été ainsi utilisée par les islamistes dans un calcul stratégique qui n’avait pour but que d’imposer leur dictat, à travers l’emploi de la terreur, pour mieux occuper l’espace. Toutes les violences perpétrées, de façon organisée, s’inscrivaient alors dans cette logique de « terrorisassion » des populations afin de barrer la route à toute résistance. Pourtant, des résistances, malgré tout, ont été, tant bien que mal, manifestées à travers la révolte des jeunes de Gao et l’Intifada des femmes de Tombouctou…
En conclusion, il faut signaler que pour éviter que des violences similaires ne se reproduisent dans l’avenir, il est utile de lutter efficacement contre le terrorisme. Lutter contre le terrorisme, c’est d’abord barrer le chemin à toute forme de radicalisation religieuse des populations. Il est à souligner que ce qui reste capital, c’est la réunification du Mali dont le tissu social se trouve profondément déchiré par ce conflit et par tant de règlements de compte. C’est là où la notion de justice prend toute sa place dans ce processus de réunification et de réconciliation des populations. Car comme le dit un proverbe malinké « aucune plaie ne peut se guérir sous la pue.» Tenter de rendre justice aux victimes de l’occupation de Nord du Mali, permettra aux cœurs affligés de s’apaiser. Et cela est utile pour empêcher tout esprit de vengeance post-crise.

Bibliographie :
Ag Erless, Le patriote et le Djihadiste, Série Regard sur une crise, Bamako : La Sahélienne, 2012, 30pages.
Ba Boubacar, Justice transitionnelle et paix durable, Série Regard sur une crise Bamako : La Sahélienne, 2012, 94 pages.
Braud Philipe, la violence Politique dans les démocraties occidentales, Paris : L’Harmattan, 1993, 415 pages.

notes :

1Ag Erless, Le patriote et le Djihadiste, Bamako : La Sahélienne, 2012, p.20.

2Ba Boubacar, Justice Transitionnelle et Paix durable, Bamako : La Sahélienne, 2012, p.27.


3Ag Erless, 2012, Le Patriote et le Djihadiste, op. cit., p.5.


4Pour éviter les conflits conceptuels et terminologiques, nous allons utiliser la terminologie  « islamiste » au lieu de celle de « djihadiste » qui pourtant est utilisée par les populations enquêtées. Toute fois, nous maintenons la terminologie « djihadiste » chaque fois que celle-ci est utilisée par une personne enquêtée.

5La troupe française ayant intervenue au Nord du Mali pour chasser les islamistes est nommée opération servale.

6Braud Philippe, la violence politique dans les démocraties européennes, Paris : L’Harmattan, 1993, p.15.

7Etait appelée faute, le non respect des règles édictées par eux tels que le fait pour une femme de refuser de se couvrir la tête, le fait de fumer, d’écouter de la musique classique, d’aller se baigner au fleuve, de jouer au foot, d’être en compagnie du sexe opposé…

8Haut à même le corps que les jeunes filles portent.

9 Les numéros des deux figures emblématiques de l’occupation à savoir Abdoul Hakim et Oumar Hamama faisaient office de numéros verts.


10Prêche sur un thème d’actualité.

11Une des figures de proue des groupes djihadistes

12Le palais présidentiel, à Bamako.



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J'ai le plaisir de partager avec vous le bonheur de la parution de l'anthologie " Guetter l'aurore, Littératures et résistances 1944-2014" dans laquelle j'ai été publiée en France ( éditions la passe du vent) par le canal de l'Espace Pandora et grâce à Joel Vernet que j'ai rencontrée à la rentrée littéraire du Mali édition 2014.
Toute ma gratitude à l'homme et aux organisateurs de la rentrée littéraire du Mali.







http://www.lapasseduvent.com/LANCEMENT-DE-GUETTER-L-AURORE.html#evenement716






Voici mon dernier ouvrage paru chez Mandé Editions en 2014 :



https://www.facebook.com/editionsmande



Voici mon dernier ouvrage publié par La Sahélienne en 2014 :






La série "Regards sur une crise" vise à documenter les évènements qui ont conduit à l'effondrement de l’État malien. L'opération de recherche et écriture dont il s'agit a été suscitée par le Mouvement' Malivaleurs et son collectif de chercheurs, écrivains, artistes et intellectuels.  

Ces livres constituent une fascinante mosaïque de mots et d'opinions où se retrouvent tour à tour, souvent en même temps, des grondements et des cris d'impatience de la rue de Bamako, la fureur des soldats, des officiers subalternes et des femmes de camps, les exigences irréconciliables des regroupements pro et anti putsch, la furie destructrice des indépendantistes et des islamistes-jihadistes, la détresse des jeunes enfants, des communautés prises en otage, la panique de la communauté des États de l'Afrique de l'Ouest, des pays du champ, de l'Union Africaine, de l'ONU... Documenter la mémoire de cette grave crise politique et sécuritaire en suscitant la prise de parole de chroniqueurs et analystes est un exercice par lequel il faut passer.

                                                              
                                                                                               Ismaila Samba Traoré




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Fanta et Kanda, mariés sous le régime de la monogamie contre la volonté de la famille de Kanda, élèvent leur fille Nana dans un cadre apparemment affranchi des pesanteurs traditionnelles. Destinée à des études de médecine, protégée de l'excision par sa mère, Nana semble avoir échappé à l'emprise d'autrui sur sa vie. Pourtant, les contradictions de chacun de ses parents la mettront au centre de la tension entre respect des coutumes et désir d'émancipation.

ISBN : 978-99952-54-69-8 • janvier 2013 • 164 pages

Editions L'Harmattan :
 http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=39347